Grâce au fonds de garantie Alter’NA, doté de EUR 36 millions issus des fonds de la Région Nouvelle-Aquitaine, du FEADER (Fonds Européen Agricole pour le Développement Rural) et des fonds FEIS (Fonds européen pour les investissements stratégiques, Plan Juncker), des centaines d’agriculteurs de la région Nouvelle-Aquitaine ont déjà pu mener à bien leurs projets de transition agricole.
Patrick et Isabelle Bergara basés au Pays basque, ont ainsi obtenu un prêt garanti Alter’NA de EUR 110 000 du CIC de Combo les Bains pour financer les travaux de rénovation de leur bergerie et les travaux de construction d’une salle de traite flambant neuve. Ce prêt leur a également permis de diversifier leur production et devenir une entreprise familiale durable mais aussi rentable.
Patrick et Isabelle Bergara sont installés depuis vingt ans à Souraïde, au cœur du Pays basque, en tant qu’éleveur de brebis laitières et de vaches blondes d'Aquitaine. Suite à une maladie au sein de leur troupeau ovin, ils décident d’arrêter l'activité et se consacrent uniquement à l'atelier bovin. Les femelles sont principalement gardées pour le renouvellement, tandis qu'une partie des veaux sont vendus à une boucherie locale sous le label Herriko (veau né, élevé, engraissé et abattu au Pays basque). « J’ai mis en place un troupeau de cinquante mères de race Salers avec qui je transhume l'été sur les hauteurs de Bious Artigues, en vallée d'Ossau dans les Pyrénées Atlantiques.
Ces vaches sont connues pour leur rusticité, elles vivent en permanence dans les pâturages entre la montagne l'été et les plaines l'hiver», indique M. Bergara avant d’ajouter :
« Les revenus liés à la seule production de bovins viande étant insuffisants pour vivre, ma femme et moi avons décidé de mieux valoriser les activités de la ferme en nous lançant dans la production du mondialement connu piment d’Espelette et en créant un élevage de chèvres laitières. Cette culture bénéficie d'une AOP sur dix communes seulement dont Souraïde, avec un cahier des charges à respecter. Elle apporte à l'exploitation un complément de revenu non négligeable. Par contre, la charge de travail augmente aussi et une seule personne ne suffit plus sur la ferme ».
C’est en 2016, en effet, sur leur lieu de vacances en Mayenne qu’Isabelle a le déclic.
« Nous avions visité une exploitation avec un atelier caprin. Je suis tombée sous le charme de ces chèvres tout comme l’une de nos deux filles, intéressée par l'élevage »
La décision est prise, Isabelle quitte son travail de comptable pour se consacrer à l'exploitation.
Afin de s’assurer des revenus plus réguliers par la vente de lait, Isabelle et Patrick créent donc un Groupement Agricole d’Exploitation en Commun (GAEC), le 15 mars 2018. « Nous avons signé un contrat de sept ans avec une laiterie locale située à 15 kilométres de chez nous, Onetik à Macaye. Cette laiterie avait besoin de lait de chèvres produit localement, car la demande en fromage de chèvre augmente sans cesse. L'atelier caprin fonctionnait bien, nous l'avions installé provisoirement dans le bâtiment où se trouvaient nos vaches avec une salle de traite mobile pour commencer », indique Isabelle.
L’année suivante, ils ont pour projet de faire construire un tout nouveau bâtiment pour abriter le troupeau de chèvres et investir dans l’installation d'une salle de traite beaucoup plus fonctionnelle. « Cette nouvelle salle a permis de diviser notre temps de traite par deux passant ainsi de six heures par jour à trois. Les chèvres sont également mieux installées dans un bâtiment plus lumineux et plus spacieux et l'exploitation a obtenu désormais la validation du Code Mutuel de Bonnes Pratiques en Elevage Caprin, » ajoute madame Bergara.
Une garantie plus que bienvenue
Le projet de la chèvrerie avec la salle de traite représentait une enveloppe globale de EUR 270 000 toutes taxes comprises. Les Bergara apporteront en fonds propres EUR 45 000, bénéficiant d’un concours financier de EUR 64 800 du FEADER et de la Région Nouvelle-Aquitaine dans le cadre du Plan de Modernisation des Elevages, d’un prêt relais TVA de EUR 50 000 et du prêt principal garanti Alter’NA de EUR 110 000 sur douze ans. « Pour le prêt principal, nous avions besoin d'une garantie, donc dans notre cas, d’une hypothèque, avec des frais de notaire d'environ EUR 2 000 » indique madame Bergara et d’ajouter : « C'est à ce moment-là que madame Laure Mouchard, notre conseillère bancaire du CIC de Cambo les Bains, nous a parlé du fonds de garantie Alter'NA qui nous a permis de lever l’hypothèque ».
Un retour d’expérience positif
Aujourd’hui, les affaires marchent bien pour les Bergara qui se disent « satisfaits » d’avoir bénéficié du prêt Alter’NA. Grâce à ce dernier, ils ont pu, à la fois, économiser certains frais liés à la mise en place d'un crédit et surtout bénéficier d’une garantie de paiement en cas de problème.
Les nouveaux produits ont fait leurs preuves avec une demande croissante en lait de chèvre, de piment d’Espelette et de viande dépassant leurs attentes. La vente directe de la ferme aux consommateurs a également été très plébiscitée.
Quant à l’avenir, les Bergara le voient toujours en famille et accompagnés par Alter’NA : «Nous recommandons vivement ce type de prêt garanti aux agriculteurs souhaitant investir dans leur exploitation pour se tourner vers une agriculture plus durable. Notre fille termine ses études en 2021. A ce moment-là, elle rejoindra l'exploitation afin de transformer une partie du lait de chèvres en fromage et le commercialiser en circuit court. Pour cela, il lui faudra un laboratoire, qui sera certainement le prochain investissement », conclut Isabelle.
Soutenir les projets plus risqués
« Notre banque a la volonté d’accompagner les agriculteurs et les entreprises de la filière alimentaire vers la transition agricole et écologique souhaitée par les consommateurs. Cela étant dit, certains dossiers de crédit comportent un niveau de risque que nous n’acceptons pas de supporter sans recours à des garanties. Cette garantie ALTER’NA, permise par les ressources de la Région Nouvelle-Aquitaine et la qualité de la signature du FEI, nous permet donc de financer ces investissements à des conditions préférentielles pour les agriculteurs », indique Richard Baber, responsable marché Agriculture auprès de la Caisse Fédérale de Crédit Mutuel et du CIC de la région.
Pour la Caisse Fédérale de Crédit Mutuel, l’un des intermédiaires financiers sélectionnés par le FEI pour instruire les demandes de prêts et les délivrer, Alter’NA constitue un produit d’accompagnement important des acteurs des filières alimentaires car il leur permet de consolider un dossier de crédit parfois risqué.
De son côté, Alain Rousset, Président de la Région Nouvelle-Aquitaine ajoute: «Ce dispositif est décisif dans l’accompagnement des agriculteurs dans la transformation de leurs pratiques agricoles et l’accélération de la transformation de l’agriculture vers l’agroécologie. Voilà un exemple concret et opérationnel de l’ambition affichée par la Région Nouvelle-Aquitaine dans sa feuille de route Néo Terra. La mobilisation de crédits du Plan Juncker, une première en France, démontre bien l’intérêt de cette démarche et le volontarisme régional en ce domaine ».
Enfin, si Richard Baber admet que la crise sanitaire a eu des répercussions sur le développement d’Alter’NA, ce dernier ayant été lancé juste avant le début du confinement, il n’en demeure pas moins confiant quant à son développement: «Nous constatons que les tendances de consommation après la crise du COVID-19 se sont encore accélérées en faveur de produits locaux respectueux de l’environnement et du bien-être animal. Nous pensons que les projets des acteurs des filières alimentaires seront de plus en plus nombreux à répondre à cette demande croissante. Nous accompagnerons ces nouveaux projets avec cette garantie ».
Alter’NA, un fonds de trente-six millions d’euros au service de la transition agro-écologique
Alter’NA, un instrument financier, dont la gestion a été confiée au FEI, est un outil supplémentaire au service de la transition agro-écologique que la Région Nouvelle-Aquitaine est une des premières en France à porter. Il permet au monde agricole d’investir dans des projets structurants tels que la création d’éco-serres en fruits et légumes, le développement des circuits courts et la création de valeur ajoutée au travers d’ateliers de transformation et de commercialisation à la ferme, la transformation des produits issus de l’agriculture biologique, etc. Pour plus d’informations concernant cet instrument financier, découvrez le film Tomatec sur la plateforme Alter’NA et visitez le site fi-compass.