Grâce au fonds de garantie Alter’NA, Héloïse Brunel et son mari Olivier ont pu s’installer en tant que jeunes agriculteurs à la suite d’une reconversion professionnelle et développer leur exploitation à Caubon-Saint-Sauveur, dans le Lot-et-Garonne. Certifiée biologique pour l’ensemble de sa production (lait, vignes et bientôt vin), la toute jeune entreprise connaît une évolution positive.
Héloïse Brunel en compagnie de ses ânesses laitières des Pyrénées, une race locale préservée.
S’installer en tant qu’agricultrice après avoir étudié la biologie et l’éthologie (le comportement animal) était devenu une évidence pour Héloïse Brunel, ancienne professeur des écoles âgée de 41 ans. Ce retour aux sources a pu s’opérer en 2019 à la suite de l’achat et de la rénovation de sa ferme Des vignes et des ânes, située à Caubon-Saint-Sauveur, dans le Lot-et-Garonne. Sur l’exploitation, la plantation de vigne coulait également de source en raison du métier d’Olivier, ingénieur viticole et œnologue. « Olivier et moi avons tous deux des racines agricoles et souhaitions depuis de nombreuses années nous installer en agriculture. Allier la viticulture et l’élevage a permis de combiner nos centres d’intérêts et nos compétences, mais aussi de mettre en place une structure dotée de plusieurs productions, ce qui est sécurisant », explique Héloïse.
Officiellement installée en tant que jeune agricultrice depuis 2022, après avoir obtenu un brevet professionnel de responsable d’exploitation agricole (BPREA) et suivi une formation en savonnerie, elle s’occupe d’un cheptel de 12 ânesses laitières des Pyrénées, une race locale préservée, sur 9 hectares de prairies. Grâce à ces ânesses, elle fabrique du lait et des savons naturels en saponification à froid, composés d’huiles végétales et de 20 % de lait d’ânesse frais issu de la ferme. Ce produit écologique, économique, naturel et très doux pour la peau répond aux valeurs qu’elle souhaite défendre aujourd’hui. Son conjoint, qui est aussi son collaborateur, s’occupe quant à lui de 3 hectares de vignes qu’ils vinifieront sur place après la première vendange en 2024.
Les savons sont fabriqués par Héloïse grâce à la méthode de saponification à froid, avec des huiles végétales et 20 % de lait d’ânesse frais issu de la ferme.
Notre exploitation est certifiée biologique pour l’ensemble de notre production (lait, vignes et bientôt vin). Cela fait maintenant deux ans que l’entreprise existe. Le cheptel d’ânesses a augmenté et la vente de savons connaît une évolution positive, avec de très bons retours clients. L’année 2024 marque une étape importante pour nous, car à la fin de l’été nous ferons notre première vendange et procèderons à la première vinification », indique-t-elle.
Malgré un contexte difficile, Héloïse et Olivier ont tenu à s’installer en tant qu’agriculteurs afin d’œuvrer pour une agriculture raisonnée, favorisant les circuits courts.
Un soutien de taille
Pour mener à bien ce projet, la jeune agricultrice a pu compter sur plusieurs prêts Alter ’NA pour un montant total de 246 000 euros contractés auprès du Crédit Agricole d’Aquitaine, dont elle était déjà cliente. « C’est la banque qui nous a fait la meilleure proposition pour nous accompagner », précise Héloïse Brunel. Avant d’ajouter : « Nos conseillers ont toujours été très disponibles, à notre écoute, de bon conseil et réactifs. » Les prêts ont permis de financer la plantation de vignes, le matériel viticole, le chai, le cheptel, les clôtures, les abris et la savonnerie.
« Alter’NA est un dispositif formidable développé par notre région. Les coûts liés à une installation sont considérables. Cette garantie représente un vrai soutien en facilitant l’accès au crédit », explique Héloïse Brunel.
Lors du montage du dossier, plusieurs éléments ont joué en faveur de leur installation. Tout d’abord, son mari est resté salarié, car la fabrication de savons n’est pas encore suffisante pour dégager un revenu indispensable à la vie de la famille. Par ailleurs, ils n’avaient pas d’apport de capitaux, mais du foncier : une ferme achetée en 2019 avec un emprunt personnel et la moitié des terres, ainsi que 6 ha restant achetés plus tard grâce à l’ensemble des crédit contractés au nom de l’entreprise. Enfin, l’ensemble de l’exploitation (12 hectares) est d’un seul tenant, ce qui contribue à lui apporter de la valeur.
« Héloïse et son mari font partie de ce que l’on appelle dans le monde agricole des néoruraux, c’est-à-dire, de nouveaux habitants de communes rurales, originaires de communes urbaines, qui s’installent dans un espace où ils n’ont pas d’attaches familiales. La demande de prêts Alter’NA pour cette catégorie d’agriculteurs reste importante malgré les difficultés d’installation propres à ce groupe », indique Pierrick Larrivet, chargé d’activité au service Expertise et développement de l’agriculture au sein du Crédit Agricole d’Aquitaine, sur le site d’Agen. Avant d’ajouter : « Les néoruraux représentent toujours la moitié des dossiers d’installation du Crédit Agricole. »
Au vu des tensions qui ont secoué le monde agricole en début d’année, Pierrick Larrivet estime qu’il serait souhaitable de poursuivre avec une solution de type Alter’NA 2 afin de continuer à soutenir des projets durables tout en défendant la viabilité des exploitations.
Chargé de l’installation des jeunes agriculteurs avec l’accompagnement de conseillers et chargés d’affaires sur les dossiers d’installation, il a en stock 400 crédits garantis par Alter’NA pour un montant total de 60 millions d’euros sur le territoire de sa caisse régionale. « Dans une certaine mesure, la garantie aide à s’attaquer à l’un des sujets majeurs de l’agriculture en France, à savoir le renouvellement des générations, puisqu’elle permet aux nouveaux installés de bénéficier d’une gratuité sur la garantie et d’un taux préférentiel allégé du coût du risque », souligne Pierrick Larrivet.
Des débuts prometteurs
La production de lait et de savons a été un soutien au projet viticole. En effet, la vente de savons a pu commencer rapidement, alors que pour le vin, il faut compter 2 années à partir de la plantation pour commencer à récolter et l'année suivante pour commencer à vendre les premières bouteilles.
La gamme de savons est élaborée à partir d’huile d’olive, d’huile de coco, de beurre de karité et de beurre de cacao. Enrichis en lait d’ânesse, ces ingrédients apportent tout naturellement beaucoup de douceur à la peau.
Héloïse Brunel privilégie le circuit court et la vente directe avec un point de vente sur la ferme, ainsi qu’un site marchand sur internet. Elle fait également partie des « Fermes de Garonne », une association de producteurs qui a ouvert une boutique à Marmande et écoule ses savons sur les marchés environnants et dans une dizaine de boutiques. « Pour le moment, l’activité de production de lait et de savonnerie permet de rembourser les annuités des emprunts, conformément à notre étude économique prévisionnelle établie pour notre installation. Cette activité est en progression et la vente de vin va pouvoir commencer l’année prochaine. À partir de ce moment-là, nous pourrons commencer à dégager petit à petit un revenu », indique-t-elle.
N’ayant pas rencontré de réelles difficultés lorsqu’ils ont monté leur projet, le couple indique cependant avoir été surpris par « la montagne de choses à faire », tant sur le terrain qu’au niveau administratif. « Il a fallu être patients, organisés, savoir se faire accompagner et conseiller. Et garder ce grain de folie qui fait que l’on continue et que l’on ne se décourage pas », dit Héloïse. Pour faire face aux périodes de forte activité, Héloïse et Olivier Brunel font appel de manière ponctuelle à des prestataires et envisagent le recours au Titre emploi simplifié agricole (TESA), un dispositif ayant pour objectif de faciliter les démarches des très petites exploitations et des très petites entreprises (TPE) agricoles pour l’emploi de contrats à durée déterminée de très courte durée, pour les vendanges notamment.
Alter’NA, 41 millions d’euros pour la transition agroécologique
Alter’NA, un instrument financier, dont la gestion a été confiée au Fonds Européen d’Investissement (FEI), est un outil supplémentaire au service de la transition agroécologique que la Région Nouvelle-Aquitaine a été une des premières à mener en France. Il a permis au monde agricole d’investir dans des projets structurants tels que la création d’éco-serres pour produire des fruits et légumes, le développement des circuits courts et la création de valeur ajoutée par l’intermédiaire d’ateliers de transformation et de commercialisation à la ferme, la transformation des produits issus de l’agriculture biologique, etc.
Alter’NA était doté de 41 millions d’euros issus des fonds de la Région Nouvelle-Aquitaine, du Fonds européen agricole pour le développement rural (FEADER) et du Fonds européen pour les investissements stratégiques (FEIS, plan Juncker). Pour plus d’informations concernant cet instrument financier, découvrez le film Tomatec sur la plateforme Alter’NA et visitez le site fi-compass.